Même les plus cons ont leur jour de gloire :
leur anniversaire !
François CAVANNA
(Le saviez-vous).
Je suis d'un âge certain... mon pseudonyme en fait foi
et une quatrième période de vingt années,
pour la première fois de ma vie, vient de se terminer.
Ce magnifique croquembouche
qui attend à l'office en est le témoignage gourmand.
Il va de soi qu'une telle pièce montée
serait indigeste si je la dégustais seul, en égoïste.
Bien sûr, mes plus proches amis étaient conviés à des agapes pour
célébrer mes 80 ans.
Avant l'acte un, l'apéritif ,
j'ai tenu à leur adresser les quelques mots que voici :
Mes chers Amis.
Ce n’est pas sans une certaine émotion, - oui certes, permettez-moi de vous le signaler - qu’aujourd’hui, sur un ton présidentiel, je vous demande de vous taire... afin de me laisser le loisir de m'exprimer.
J’apprécie votre présence et l’amitié que vous me portez aussi je vous remercie de tout cœur de vous être rassemblés ici, en ce beau dimanche de printemps, autour de cette grande table dressée en mon honneur par mon épouse unique et préférée, Wanda ... mon amour ... comme ajouterait un certain homonyme bien connu de nous tous.
Nous sommes là pour fêter mon anniversaire et à ma triste honte, je vais vous citer un monologue maintes fois entendu : je n’ai rien préparé.
Oui ! Pas le moindre petit discours, par même un mot gentil à l’attention de chacun et chacune d’entre vous. Pourtant, je le sais, vous me soutenez courageusement en cette pénible épreuve qui, à dates périodiques et annuelles, revient me gâcher le plaisir de vivre en me vidant les poches... du fait de votre présence... des quat’malheureux picaillons que me procure ma retraite.
Mais, sachez-le, vous ne pourrez pas m’accabler de reproches car j’ai une excuse à vous donner, que dis-je, une explication, une seule... et de taille! Suivant ma bonne habitude, je vais vous la sortir de derrière les fagots et je vous assure que cette fois encore elle est indiscutable.
Comme le disent les chansons : je sais, je sais - on a pas tous les jours vingt ans, ça nous arrive une fois seulement. Quel beau jour fut celui de nos vingt ans, n’est-ce pas ? Mais pour moi, il y a tellement longtemps, longtemps, que c’est un anniversaire oublié, un passé plus que lointain auquel je ne fais pas référence, et donc, pour aujourd’hui, je n’ai rien préparé.
Mais, me direz-vous, l’histoire se répète, c’est bien connu et à 30, 40, 50 ans - si les chiffres changent - la tirade, elle, peut rester sensiblement la même. Exact ! Exact aussi que pour ces décennies précédentes, je n’avais rien préparé.
Puis mes 60 ans suivis des 70 sont arrivés, rapidement. Cela m’est tombé dessus très vite - trop vite - si vite que, vous pouvez me croire, je n’ai pas eu le loisir d’y penser un seul instant. De ce fait et par faute de ce manque de temps caractérisé que vous admettrez facilement, je n’ai rien préparé.
Mais le plus navrant, et je vois à votre sourire goguenard que vous l’avez deviné, c’est que pour célébrer mes 80 berges, même refrain, je n’ai rien préparé.
Hé oui, c’est ça l’habitude. Je vous le confirme à mon grand regret. Et puis quoi ? C’est vrai, à mon âge, il faut faire très attention à ce que l’on peut dire, car, en vérité, plus on vieillit, vous l’avez d’ailleurs remarqué... plus on se répète ! Alors, bien sincèrement, de peur de me répéter, je n’ai rien préparé.
Je n’ai rien préparé, maintenant vous le savez!
Toutefois, je me dois de vous dire exactement ce que je pense : En ce beau dimanche, premier jour du mois de mai 2011, vous espériez tous que j’allais certainement étrenner - où plutôt traîner - mes 80 balais. Eh bien non, mes amis. Voyez-vous, je vous le dis sans détour, c’est une grossière erreur. Et c’est là, mon explication ! Ne vous excusez surtout pas, mais, je vous dois la vérité c’est uniquement pour cette bonne et simple raison que cette fois encore, je n’ai rien préparé.
Oui, je n’ai rien préparé car mon anniversaire, quoique vous en pensiez, ce n’est pas aujourd’hui. Eh non, mes p’tits amis, mon anniversaire c’était le 30 avril. C’était hier, maintenant c’est raté, il est trop tard.
En conclusion, ne dit-on pas que c’est surtout l’intention qui compte, vous en êtes bien d’accord? Alors, si en ce jour il a été prévu de festoyer, il n’est pas trop tard. Je dirais même plus ! Il est particulièrement original, et de bon ton d’arroser, comme il se doit, le second jour de ma quatre-vingt et unième année. Le moment est arrivé : Faisons la Fête !
Alors là, je dis entre-nous, et avec certitude, on y est tous bien préparé. Je lève donc mon verre à notre bonne santé, mes amis... et à l’année prochaine.
Au moment du dessert et à l'instant de souffler les bougies,
Wanda et Papy
posent pour la traditionnelle photo souvenir.
La photo, prise à l'extrémité de la grande table ci-dessus évoquée,
dévoile le petit coin-bureau où sont édités les articles de ce Blog
que Papycousteau se fait un plaisir de vous adresser.
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