MATIÈRE À RÉFLEXION !
Avec mes vieux copains du coin, sur les bords de notre étang de Vimory, nous vivions une belle journée particulièrement ensoleillée et plutôt assoiffante. Une agréable impression de bien être et de liberté totale berçait notre quiétude car aucune présence féminine n’était venue troubler notre tranquillité. Ce farniente avait été programmé officiellement dans le but de taquiner le goujon: nos épouses détestent d’avoir à préparer les poissons pour la friture apéritive. En vérité, la raison unique mais non avouée, était de se retrouver seuls, entre hommes, afin de savourer benoîtement une placidité toute masculine, je veux dire, nous laissant la possibilité ineffable de penser, réfléchir et discuter tout à loisir sans avoir aucune préoccupation matrimoniale.
Après avoir longuement passé en revue l’actualité sportive qui passionne les lecteurs de l’Equipe et de l’Eclaireur du Gâtinais, décortiqué jusqu’au dernier les cancans politiques de droite et de gauche, tourné inlassablement autour des derniers films sortis sur “Les Écrans” de Montargis, nous en étions arrivés à évoquer certaines philosophies plus ou moins fumeuses.
Et c’est au cours de ces réflexions sur la marche du temps et l’évolution du monde que m’est revenu à l’esprit une théorie, absolument oubliée de nos jours et pourtant ouvertement combattue. Tous les médias, quelques soient leurs obédiences, n’ont de cesse de nous rappeler avec un abominable slogan, combien il est, soi-disant, utile, nécessaire et indispensable d’être et de rester sobre : “L’alcool nuit gravement à la santé”. Air connu! C’est à peu de chose près l’interdiction formelle de pratiquer l’alcool sous toutes ses formes. Indéniablement et volontairement c’est nier la théorie salvatrice connue sous le vocable anglais - pour faire “class” - de :
“ THE BUFFALO THEORY ” *
Jugez plutôt. D’ailleurs, si vous êtes un accro du septième art et un amateur éclairé du western, du vrai, du western d’une autre époque, tourné en noir et blanc ou au tout début du technicolor, je suis persuadé qu’inconsciemment vous avez noté ces faits épiques. Ils relataient la réalité telle qu’elle se déroulait dans les immenses plaines du Far West à une période héroïque de son histoire.
Lors de la Conquête de l’Ouest, des chasses extraordinaires furent organisées par les promoteurs des Chemins de Fer. Il était indispensable d’assurer la nourriture des milliers d’ouvriers travaillant à la construction de ces lignes ferroviaires qui devaient traverser le continent nord américain car il était urgent de rallier la Côte Atlantique à la Côte Pacifique. Ainsi furent crées les fameuses compagnies "Union Pacific" et “Pacific Express”.
Pour aider à réaliser ce travail de titans, des Aventuriers et de célèbres “Éclaireurs”, tel William Cody - dit Buffalo Bill 1846-1917 - furent engagés pour chasser le bison. Ces bovidés sauvages vivaient en immenses troupeaux se déplaçant dans la Prairie depuis des siècles. La transhumance dans les “Grandes Plaines de l'Ouest” de ces hordes débonnaires était réglée sur l’allure du déplacement des bêtes les plus lentes.
Lors de ces chasses exterminatrices, les tueurs remarquèrent de suite le comportement grégaire de ces proies qui fuyaient devant eux tout en respectant l’atavisme lié à la mouvance de leurs migrations. Les tireurs attaquèrent donc les troupeaux par l’avant.
Ainsi les premières lignes composées des plus faibles d’entre ces animaux, soit les moins actifs, étaient abattus initialement. Logique! La manœuvre, éminemment astucieuse, évitait la fuite éperdue des bêtes apeurées. Elles étaient naturellement freinées par la présence relativement lente et toujours massivement renouvelée des nouvelles bêtes de tête.
En fait, et quoique l’on puisse en penser, ce massacre était au départ favorable à l’espèce bisontine. Cet excellent prédateur qu’est l’homme pratiquait, sans le savoir, une sélection “naturelle” propice à cette race pour différentes raisons. La plus évidente saute aux yeux... À l'usage de cette pratique, les plus véloces, les plus robustes donc les plus belles bêtes du troupeau, celles qui étaient les plus aptes à la reproduction de l'espèces, étaient épargnées.
Mais ... Eh oui, bien sûr .... Au fil du temps, les plus lentes disparaissant à tour de rôle, les plus rapides se retrouvèrent en tête du troupeau dont la vitesse de déplacement devint telle que la chasse se faisait de plus en plus ardue.
Mais oublions ces scènes de violence surannées.
Comme il apparaît que le cerveau humain ne peut fonctionner qu’au rythme de ses cellules les plus lentes il est, et de loin, avantageux pour le genre humain de se voir pourvu au maximum de possibilités intellectuelles. Ceci dit, le neurone, cellule nerveuse découverte en 1896, est à la base de notre intelligence, et, comme on nous le rabâche à longueur de journée, elle est particulièrement sensible et réactive à l’alcool. De notoriété publique, la consommation excessive de boissons alcoolisées tue progressivement les cellules de notre cerveau. Naturellement se sont les plus lentes, les entités les plus faibles de cette cohorte cellulaire qui sont attaquées et disparaissent en premier lieu.
L’alcool tue lentement mais sûrement, soyons en conscient, mais la vieillesse aussi, n’est-il pas vrai? Dans un cas comme dans l’autre, aucun d’entre nous ne sent particulièrement pressé. Alors, au point où en sont les choses, pourquoi condamner ainsi une thérapie reconnue.Ce qui nous mène bien évidemment à la réflexion suivante :
Pourquoi accepter sciemment le refus de cette possibilité d’une consommation ferme et régulière de ce nectar des Dieux qu’est le vin, source de vérité, de cette eau de vie bienveillante qu’est la vodka, de ce merveilleux et ...arhumatisé breuvage qui nous arrive, gorgé du soleil, en direct de la canne à sucre ? Offre unique réservée aux humains !
Pourquoi envisager la fermeture définitive des “Open-Bars”. Pourquoi vouloir interdire les “dégustations” dans les caves, foires, manifestations et autres expositions culturelles en “...oles” particulièrement appréciées en toutes régions notre bonne vieille France.
De quel droit refuse-t-on au cerveau de ces petits français dit “moyens” de progresser avec certitude vers une intelligence suprême. Il s’agit là d’un plaisir délectable tout à fait à sa portée. N’est-il pas souhaitable de se rapprocher, un tant soit peu, de ces aimables peintres, sculpteurs, écrivains, musiciens et autres humoristes à l’esprit génial qui enchantent depuis toujours nos moments de liberté ? Croyez-vous que tous ces “talents” aient sustentés leurs neurones créatifs à l’eau claire de la fontaine ? Que nenni !
Permettez-moi, néanmoins, d’attirer votre attention sur le fait que le cerveau de l’homme n’atteint généralement sa pleine et entière maturité physique qu’après l’âge de vingt-cinq ans. Corollaire, restons vigilants et surveillons l’éducation gustative de nos jeunes.
Mais revenons à l’essentiel de notre exposé, nous avons découvert les moyens d’augmenter les possibilités de performance de notre cerveau. Cette preuve est indubitable mais exclusive, elle ne peut être ressentie que par les véritables “buveurs” que nous sommes : avouez-le humblement, ne trouvez-vous pas, mes chers amis, que vous êtes toujours un peu plus intelligent après quelques bonnes pintes de bières?
Et à propos de bière, cela nous amène à une autre constatation fondamentale et péremptoire relative à la consommation de la Bière dans le monde, de toutes les bières :
“Une bière doit se boire fraîche et vite”. **
Et pourquoi “vite” me direz-vous ?
Eh bien, voyez-vous, pour qu’elle reste fraîche. Essentiellement !
* Titre emprunté au dialogue d’une série TV américaine “Cheers” .
** Voir "Vérité première/1.
Couple de bisons qui n'ont rien à voir avec l'histoire
et vivent tranquillement dans une réserve naturelle
de la région de San Francisco en Californie.
Photographie d'époque de William Frédéric CODY dit
BUFFALO BILL,
le redoutable et célèbre chasseur de bisons.
Buffalo Bill (1846-1917) est entré dans la légende du Far West
grâce au journaliste-écrivain Ned BUNTLINE qui raconta ses aventures.